Héritières
Le pitch
Jeanne, romancière en perte de confiance, en proie a un passé douloureux accepte à contre coeur, un projet d’écriture autour d’une femme condamnée pour sorcellerie en 1772.
Contrainte par son éditeur et ami Hector, elle plonge dans une enquête bouleversante aux côtés d’Ana, jeune journaliste féministe. Ensemble, elles exhument la vérité sur un procès inique et misogyne, révélant les failles de l’histoire de la chasse aux sorcières, et résonnant avec les démons intérieurs de Jeanne jusqu’à briser son amnésie traumatique.
Une quête en réhabilitation de la dignité des femmes qui met à l’épreuve les amitiés et révèle des vérités enfouies.
La note de l'autrice
A l’origine de ce projet d’écriture, il y a l’envie de me plonger au cœur d’une réflexion sur les violences faites aux femmes et de leur héritage culturel.
Sans être victime personnellement de ces violences, je ressentais le besoin d’interroger cet héritage qui nous pousse depuis des siècles, à considérer les femmes comme des êtres discrets, fragiles et modestes en opposition aux individus bruyants, forts et ambitieux que doivent être les hommes.
Et si l’ombre des bûchers des sorcières planait encore au-dessus de nos têtes à toutes, au point de pousser certaines d’entre nous à tolérer encore l’inacceptable, et à payer de leur vie cette injonction à demeurer dociles.
Alors j’ai voulu mettre en lumière le lien entre les condamnations en sorcellerie et les féminicides contemporains, interroger les normes sociales et les structures de pouvoir qui perpétuent l’oppression des femmes depuis toujours.
Le processus d’écriture fût assez long, et même ce qui me paraissait anecdotique, s’est avéré plutôt laborieux, comme par exemple le choix des patronymes des personnages. Ainsi, dans un premier temps, ils ne portaient que des noms choisis au hasard sur un calendrier.
Puis en participant à un laboratoire d’auteurices, on m’a demandé de fixer les noms des personnages, sans réfléchir, de façon instinctive… Pressée par cette contrainte, j’ai finalement réussi à nommer mes personnages. Quelques temps plus tard, j’ai réalisé dans un grand trouble, que cette histoire était aussi la mienne : j’avais baptisé mon personnage principal Jeanne Bertoli : ma grand-mère s’appelle Berthet et mon père Jean.
Elle aussi s’est enfuie de chez elle, à pied, avec six enfants (dont mon père) âgés de un à huit ans. On est en 1937 en rase campagne, sous la neige.
Son mari la retrouve le lendemain et la ramène chez eux… c’est tout ce que je sais, je ne l’ai pas connu… elle aura huit autres enfants et meurt à 64 ans!
L’écriture de cette pièce était laborieuse, précisément parce qu’elle venait toucher le coeur du sujet de l’héritage traumatique! Dès le début, j’étais confrontée à des questionnements autour de ma propre histoire, autour des stigmates d’un passé familial dont je n’avais pas conscience, venues me hanter jusqu’au bout de mon clavier.
Héritières explore les thèmes de la résilience féminine et de la quête d’identité dans un monde marqué par l’injustice et la violence.
J’espère que ce texte suscitera la réflexion et ouvrira un espace de dialogue, en offrant au public un regard intime et poignant sur les luttes et les espoirs des femmes à travers les âges.
L'équipe artistique
Interprètes :
Sandrine Moualigou
Christine Laville
Garance Teillet
Julien Jacob
Mise en scène :
Isabelle Loisy
Chorégraphie :
Iris Mirnezami
Création musicale :
Rémi Auclair
Création lumière :
Bertrand Saunier